Souvent considérées comme des réservoirs d’adventices, de ravageurs, et problématiques d’un point de vue agronomique, les bordures extérieures de champs et de chemins présentent pourtant des intérêts agronomiques et écologiques méconnus. Elles constituent des refuges pour la flore et les invertébrés dont les auxiliaires de cultures entomophages ou parasitoïdes et les pollinisateurs. Elles offrent des habitats propices à la nidification de l’avifaune et d’importantes ressources alimentaires notamment en arthropodes pour les poussins de Perdrix grise.
Lorsque la flore est perturbée et appauvrie, les adventices des cultures sont favorisées et l’intérêt pour la biodiversité est moindre. Pour ces bordures, les partenaires Agrifaune associés à des partenaires de la recherche, étudient depuis 2013 des pratiques de semis et des mélanges visant à installer une communauté végétale stable, diversifiée, qui limite le développement des espèces adventices en utilisant différents mélanges de graines.
Un impératif : Réduire la présence des espèces adventices les plus problématiques Une nécessité : augmenter la biodiversité floristique et les services associés (auxiliaires, pollinisateurs). La méthode choisie : semer un couvert pérenne de flore sauvage qui permet d’installer des communautés végétales stables, diversifiées, puis laisser s’exprimer la flore spontanée. |
En 2013, 6 mélanges ont été implantés sur des placettes expérimentales et sur deux bordures en conditions réelles. En plus des différentes modalités semées, deux modalités témoins complétaient le dispositif : une modalité non travaillée a permis de suivre la flore dans son état initial et une modalité travaillée mais non semée a permis de tester la composition de la banque de graine et la capacité de régénération spontanée des bordures de champs.
Dès 2016, trois nouveaux mélanges ont été élaborés sur les premières conclusions issues de premiers tests et le dispositif s’est enrichi de douze bordures semées dans le Loiret et l’Eure-et-Loir.
Des suivis floristiques exhaustifs avec recouvrement ont permis d’évaluer la réussite d’implantation des espèces semées ainsi que la capacité du mélange à contenir le développement des adventices.
Des piégeages et observations visuelles d’arthropodes ont permis de mesurer l’impact de ces aménagements sur la biodiversité et notamment sur les pollinisateurs.
Pourquoi des espèces sauvages ? |
Une végétation pérenne et diversifiée ? Une majorité d’espèces vivaces a été choisie pour composer le mélange. Ces espèces à développement lent (certaines ne seront pas visibles en première année) assure la pérennité du couvert. De plus, une diversité de famille de dicotylédones permet de varier le type de fleurs ainsi que les périodes de floraison pour satisfaire un plus grand nombre de pollinisateurs domestiques et sauvages. |
Des graminées dans le mélange ? Les graminées assurent 50% en poids de la composition du mélange. Elles permettent une bonne couverture du sol contre les adventices annuelles (surtout en première année d’implantation). |
D’autres critères technico-économiques ? Enfin, les espèces ont été choisies en connaissance du contexte local, comme par exemple, leur capacité à ne pas entrer en compétition avec les cultures porte-graines présentes sur le territoire. Puis se sont ajoutés des critères de coût des espèces ou de taux de germination. |
Les travaux d’expérimentation ont permis de montrer :
1. L’état de la banque de graines et du pool local d’espèces est souvent dégradé et insuffisant pour permettre l’installation spontanée d’une végétation herbacée pérenne et diversifiée uniquement par arrêt des perturbations.
2. La richesse floristique augmente sur les bordures semées.
3. Ce type de mélange permet de limiter le développement des adventices aux abords des cultures.
4. L’implantation d’un couvert diversifié permet favoriser les insectes auxiliaires et pollinisateurs.
5. Un unique mélange peut satisfaire les objectifs énoncés sur l’ensemble des types de sol présents sur le territoire.
Ces expérimentations ont également permis de définir un itinéraire technique pour le semis de ce mélange que ce soit en termes de doses, de préparation du lit de semences mais aussi de son entretien après implantation (cf plaquette)
A l’issue de cette expérimentation, le mélange Agrifaune Bordures de Champs© Beauce/Bassin Parisien Sud a été validé pour entrer dans une phase de déploiement opérationnel. L’objectif est d’inscrire ce mélange dans la marque Agrifaune Bordures de champs© et de la promouvoir auprès des agriculteurs et des établissements semenciers.
En 2019, l’étude se poursuit avec des essais d’implantation du mélange :
- en bordures de haies
- en semis de printemps. En effet, les conditions climatiques automnales de ces dernières années avec des états de sol secs et difficiles à travailler, nous conduisent à envisager une seconde période de semis.
- en comparant des modalités de semis à la volée et avec le semoir de bordures de champs.
Pour plus de renseignements:
Chloé SWIDERSKI
02 38 71 90 80
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